Écrire c’est crier en silence, c’est coucher sur papier, des maux indicibles même par les mots les plus pertinents de la langue française. Fort heureusement, le talent de l’écrivain et encore plus celui de poète permet de surmonter cette impasse. D’AUREVILLY affirmait déjà que : « quand les historiens s’arrêtent, ne sachant plus rien, les poètes apparaissent et devinent ». Prolongeant la mission créatrice du poète, Arnaud Thierry LONLA crie l’histoire des malheurs qui se jouent dans son époque et que les historiens du présent ne savent plus dire et écrire parce que laudateurs captifs d’un système d’oppression, de censure et d’autocensure. Refusant de s’inscrire dans la postérité comme complice par son silence, M. LONLA a publié aux EDITIONS ELITE D’AFRIQUE « CRI DE LIBERATION », un recueil de poèmes au ton enthousiaste et indéniablement subversif.
Sur la forme, « CRI DE LIBÉRATION » est un recueil de poèmes de 111 pages réparti en 4 parties. La première partie est titrée « POUR UNE MEILLEURE NATION » et se propose comme un plaidoyer patriotique au CAMEROUN d’où le poète est originaire. À travers 12 poèmes, le poète chante son amour pour la diversité culturelle de son pays (poème « je viendrai épouser ta fille » page 41) autant qu’il dénonce l’oppression des libertés dont il fait le constat dans les poèmes « ici on se tait » (page 28) ou encore « le laudateur captif » (page 21), ce qui explique l’appel à la libération de la patrie dans le poème « Freedom Cameroon ».

Poème « Le laudateur captif » extrait du CRI DE LIBERATION de Arnaud Thierry LONLA
« TERRE MERE » est la deuxième partie de ce recueil qui se veut un plaidoyer en 7 poèmes pour le panafricanisme et un appel à la prise de conscience de l’AFRIQUE et des Africains. On notera avec une attention particulière le poème « Au festival des Universités du Tchad et de Maroua, 2014 » qui est une belle déclaration d’amour du CAMEROUN au TCHAD.
La troisième partie est dédiée « AUX INTIMES » à travers 05 poèmes adressés à des proches du poète sans perdre une pertinence universelle ; en témoigne le poème « Avortement » (page 78)
La quatrième partie s’annonce comme un « CHANT D’ESPOIR », mais résonne souvent comme un chant de lamentations dignes d’un prophète JEREMIE, grand prophète biblique et qui prête sa tunique au poète qui en fait bon usage pour s’indigner de la situation des « enfants de rue » (page 100) ou du « coronavirus » (page 91). Mais le poète ne manque pas de s’émerveiller de la « Merveilleuse nature » (page 98) ou de nous faire rêver à la fin du recueil, en nous invitant à voir « la vie en rose » dans un décor utopique où il clame avoir vu ISRAEL et PALESTINE « manger à la même table » (page 106).
Cérémonie de dédicace le 08 mai dernier à Douala.
Le lecteur constatera que le poète affectionne la rime sans en être obsédé et l’agencement des vers en strophes transgresse agréablement dans la majorité des textes, les formes fixes et fermées à la musicalité des mots.
Sur le fond, le ton volontiers engagé de ce recueil est indéniable. Pour preuve, vouloir ouvrir les yeux sur des problèmes où d’autres ont fait le choix de la cécité volontaire ou vouloir parler de choses qui suscitent le silence démontrent à juste titre que M. LONLA refuse de se ranger du côté des laudateurs captifs de son beau pays , le CAMEROUN qu’il peint avec des vers tantôt chargés d’amour mais aussi d’amertume, toujours pour le plus grand bonheur du lecteur qui peut s’adonner à cette ivresse au prix de 05 bouteilles de bière (2500 FCFA) pour après crier du haut des Monts BAMBOUTOS, aux côtés d’une belle fille drapée dans un NDOP sexy. Ce seront des cris de jouissance, de plaisir, DE LIBERATION.

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