Nous remercions l’essayiste Camerounais Symphorien Tenne d’avoir accepté de nous consacrer le présent entretien en dépit de son agenda chargé.
La dernière panne mondiale de Facebook a révélé la dépendance des africains à ce réseau social étranger. Que proposez-vous de manière concrète, vous qui militez pour ce que nous pouvons appelez « indépendance mentale » des africains, afin que les africains se sentent plus liés à des réseaux sociaux étrangers même si ceux sont des plateformes de travail pour plusieurs africains?
La réponse à votre préoccupation se trouve fort opportunément dans notre nouvel ouvrage « Cortex-Déconfinement » en pp 111-124, où nous proposions déjà à notre peuple de se libérer de l’égrégore que nous qualifions de médiatique ( des outils connectés en particulier), qui est l’un des principaux égrégores qui nous sous-développent parce qu’ils nous enveloppent.
Nous remarquons qu’en dehors des occidentaux qui ont subi des désagréments de ce bug de l’internet, les africains du continent et de la diaspora en ont aussi beaucoup souffert. Tandis que les asiatiques, forts de leur répondant au big five occidental (GAFAM) de l’informatique, en l’occurrence BATX, n’ont presque pas ressenti, ni subi les mêmes déboires.
Nous devons par conséquent et impérativement penser à créer des plateformes numériques à nous, par nous et pour nous, soutenir ceux des nôtres qui s’y sont déjà lancé dans cette aventure, en s’y abonnant massivement, ou de quelle que manière que ce soit. D’ailleurs le Camerounais Alain Ekambi, a développé Dikalo un réseau sociale entière camerounais.
De manière concrète, Symphorien Tenne, qu’entendez-vous par libération des mentalités ?
La libération des mentalités est tout simplement une interpellation à la conscience collective de notre peuple, lui faire comprendre que son émancipation et son épanouissement ne dépend que de lui , et de lui seul ; ceci passe inévitablement par une réconciliation avec nous-mêmes, avec nos ancêtres, et une réconciliation entre nous, pour aborder les autres en toute sérénité et en pleine confiance en soi.
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Dans votre démarche de retour aux sources, tenez-vous en compte de l’inévitable mondialisation ?
Le retour aux sources n’a rien d’antinomique avec la mondialisation ; bien au contraire, ce n’est qu’en puissant ses ressources vitales à la source de ses propres racines, qu’on parviendra à se hisser fièrement à la conquête des cimes mondiales, et étendre ses branches dans les différentes directions de la planète.
Avant vous, plusieurs intellectuels africains ont brillé par leurs théories et leurs concepts sur la libération des esprits des africains. Dans votre démarche, associez-vous des actions concrètes sur le terrain?
Il est inévitablement souhaitable, pour tous , qu’après toutes ces longues périodes de jérémiades, et de bavardages improductifs, nous nous inscrivions dans des démarches d’actions concrètes, comme nous le faisons déjà en Afrique et dans la diaspora, sur le terrain, avec des missions de sensibilisation de proximité, et la création des passerelles entre les organisations de jeunes sur le continent et dans la diaspora, pour leurs permettre de mieux se connaître et mieux s’apprécier, et très prochainement le lancement des institutions éducatives panafricaines et afro-centrées.

D’ailleurs, la contribution de tous les fils du continent, désireux d’accompagner cette initiative sera la bienvenue.

Symphorien TENNE, écrivain camerounais et acteur de la société civile.
Monsieur Symphorien Tenne votre avis sur le sommet France-Afrique de Montpellier…
Le fameux sommet France-Afrique de Montpellier, est à notre sens un épiphénomène, car comme nous le disions à la précédente question, de tout ce bavardage, ces jérémiades et tous ces beaux discours, s’ils ne sont pas suivis d’actions concrètes, il n’y aura rien à attendre de cette nième foire aux dupes, convoquée par le maître pour amadouer une certaine jeunesse et la société civile de ses enclos coloniaux, pour réajuster l’hydre de la Françafrique, en raison de la grogne et du profond sentiment anti français, qui prend davantage de l’ampleur au sein des populations d’Afrique francophones.
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Qu’auriez-vous proposé à la place du sommet Afrique-France de Montpellier ?
S’il nous était demandé de proposer une alternative à ce sommet, nous aurions sans aucun doute, opté pour une rencontre au préalable, entre les jeunes d’Afrique et les membres de la société civile africaine, pour désigner leurs représentants , qui auraient tout au moins le mérite d’une relative légitimité pour parler au nom de l’Afrique , à un quelconque chef d’Etat, d’une quelconque puissance qu’elle soit, en présence des jeunes et de la société civile de cette puissance , et ceci de préférence en présence d’un ou de plusieurs chefs d’Etats africains.
Entretien mené par Ludovic Bouliom
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