Il est important de souligner que le concept de mondialisation ne date pas d’hier. D’après l’historien africain-américain David Imhotep, la navigation humaine existe depuis 120 000 ans. Les premiers mouvements de population qui émigrent à partir de l’Afrique, vers l’Europe, l’Asie et l’Amérique, représentaient déjà l’un des contextes d’ouverture de l’humanité au monde. La suite de l’histoire n’étant qu’une série de tentatives des populations ainsi dispersées de se rapprocher et d’échanger, pour partager marchandises et expériences.
La notion de mondialisation a évolué en fonction des événements ayant marqué la constitution de chaque peuple ou pays, pour se référer principalement aujourd’hui aux rapports de force et d’influence entre les nations, pour concrétiser un modèle de développement à l’échelle mondiale. Entre les puissances économiques les plus imposantes, qui véhiculent l’idéologie d’un capitalisme planétaire, et les mouvements civiques qui militent pour l’intégration des diversités culturelles dans la modernité, la position de certains états africains semble bien ambigüe.
Concrètement, la mondialisation ne ressemble pas à ce que les économistes conçoivent comme un idéal de créer un espace de libres échanges, et de relations à bénéfices réciproques entre les gouvernements ; elle se pose plutôt comme un processus d’expansion des sociétés mieux équipées en termes financier, de technologies, d’armement et d’industrie.
Autant de secteurs clés de souverraineté où l’Afrique n’est pas suffisamment représentée, ni prête à s’affirmer. Une situation qui amène à se demander pourquoi les nombreux fils et filles de certains pays africains ou de la diaspora sont-ils incapables d’impulser des activités qui favoriseront une certaine émancipation dans les différents domaines ? À travers notre livre, récemment publié, « Cortex-déconfinement », nous sommes invités à nous questionner et à identifier sérieusement sur les maux qui minent nos sociétés, pour en déduire ce qui freine réellement notre émergence.
Pourtant nous ne manquons pas d’exemples ou de modèles qui peuvent nous inspirer à nous relever, suivant le long cheminement de nos combats et de nos prouesses passées. Etant donné qu’un arbre ne se développe qu’à partir de ses propres racines, les états africains doivent établir davantage leurs repères, pour trouver leur place et leur rôle à ce concert mondial où les échanges et les rencontres s’intensifient à travers le monde. Tout comme la Chine l’a fait, pour se rebâtir, les états africains doivent proposer un nouveau mode de collaboration au reste du monde.
Nous le constatons encore, avec la gestion de la pandémie de la COVID-19, que tous les pronostics étaient favorables à l’extermination par ce virus de nos populations, en attendant que l’aide extérieure intervienne. Or, plusieurs pays africains, notamment ceux d’Afrique centrale, ont prouvé que la médecine traditionnelle pouvait également être efficace contre ce virus.
L’atteinte d’un mieux vivre, passe impérativement par la redécouverte d’un mieux être, qui trouve son essence, dans la sortie de l’aliénation identitaire, la recherche de sauveurs imaginaires, la croyance aux avantages du néo-colonialisme, la corruption des mœurs et valeurs du plus humble citoyen jusqu’aux dignitaires de nos institutions. Lire, se cultiver et se former, est indispensable pour cette génération en perdition, qui doit porter le flambeau de notre libération.
Symphorien Tenne.