La légende Manu Dibango a définitivement rangé son saxophone le 24 mars 2020. Les circonstances troubles de son décès n’ont pas permis à ce qu’il ait une cérémonie funéraire digne de son rang. Si cela c’était produit hors situation de crise, le célèbre saxophoniste aurait eu droit à un grand hommage national. Quand la crise sanitaire mondiale sera terminée, que pourrait faire l’État du Cameroun pour rendre un véritable hommage à cette légende de la musique ?
Notes sombres sur la partition de la musique mondiale au matin du mardi 24 mars 2020. Une annonce des plus douloureuses frappa les esprits. Manu Dibango, saxophoniste camerounais de renommée planétaire, ne jouera plus de son instrument, annonça alors les médias. La faute à l’intrépide covid-19. Une symphonie de lamentation résonna sur la toile. Une énorme perte pour le patrimoine musical camerounais. La vilaine faucheuse, jalouse des cérémonies funéraires grandioses, ne permis pas un hommage funèbre digne du rang du disparu. L’icône de l’afrojazz fut inhumé le 27 mars 2020 au cimetière du Père-Lachaise à Paris–France, dans la stricte intimité familiale. Une question raisonne ! Comment se serait véritablement déroulé les obsèques de Manu Dibango en contexte normal ?
Institution d’une journée de deuil national. Solennités planétaires. Majestueux spectacle d’hommage avec les plus grandes vedettes de la musique mondiale et les personnalités politiques les plus importantes du globe. Retransmission en direct dudit spectacle. Liesse populaire autour du cortège de la dépouille. Rite traditionnel sur les berges du Wouri avec les dignitaires Sawa. Réjouissance et lamentation diverses… tel est le film de ce qui aurait pu se produire lors des obsèques nationales de la légende Manu Dibango ici même au Cameroun. Hélas ! Le sort en a décidé autrement. Puisqu’il est impossible d’organiser de nouvelles obsèques, il est au moins possible de faire des funérailles.
Au-delà d’une cérémonie funéraire grandiose, comment pourrait-on immortaliser de manière tangible la mémoire de Papa Manu ?
Naturellement, une importante célébration nécessite des dépenses colossales. Vu le Haut Statut qu’occupe le célèbre saxophoniste dans la mémoire camerounaise, l’État du Cameroun via le Président Paul Biya et le Ministère des Arts et de la Culture – MINAC aurait certainement mobilisé des sommes importantes pour l’organisation de ses obsèques. Les communautés artistiques nationale et internationale se seraient elles aussi certainement impliquées dans la mobilisation des fonds. Alors, et si on récoltait tous ces fonds pour construire un panthéon en sa gloire ?
Le dictionnaire français défini le panthéon comme un « monument consacré à l’inhumation ou au culte des grands hommes ou femmes particulièrement remarquables« . Manu Dibango a marqué l’histoire de la musique camerounaise mieux encore de la musique mondiale. À travers son talent de multi-instrumentiste et sa ferveur patriotique, Manu a porté très haut les couleurs du Vert Rouge Jaune. Oui ! Il mérite largement qu’un monument physique lui soit érigé. Bien que ce génie de la musique soit en lui-même un tout un monument symbolique. Alors j’invite l’État du Cameroun à immortaliser sa mémoire à travers un monument.
Le sculpteur Emmanuel Sellier a d’ailleurs fait une belle Statue de Manu Dibango sculptée en direct. Bien que le lieu d’exposition de cette statue ne soit pas renseigné.
Pourquoi pas un Palais de la culture Manu Dibango ?
Le plus beau cadeau que l’on pourrait faire pour immortaliser sa mémoire, c’est la construction d’une véritable salle de spectacle pour les concerts de musique. Il faut avouer que le Cameroun ne possède pas une salle de spectacle digne de ce nom. Notre mythique Palais Polyvalent des Sports de Yaoundé rempli les fonctions qui ne sont pas les siennes. À l’exemple du Palais de la culture Bernard Binlin-Dadié d’Abidjan le Cameroun pourrait également avoir le Palais de la culture Manu Dibango de Yaoundé. Ce sera un merveilleux trésor inestimable pour la communauté artistique nationale.


Théâtre plein air du Palais de la Culture Bernard Binlin-Dadié d’Abidjan
Le Palais de la Culture Bernard Binlin-Dadié d’Abidjan, œuvre architecturale prestigieuse, est une grande infrastructure d’accueil des manifestations culturelles en Côte d’Ivoire. Bâti sur une superficie de 12 900 m2, il contient trois salles de spectacle, de 300, 600 et 1 500 places respectives ; un théâtre à ciel ouvert de 2 500 places. À ceci, il faut rajouter plusieurs autres espaces de réception. Le Palais propose du théâtre, de la danse, un ciné-club et une galerie d’arts plastiques.
Manu Dibango s’est d’ailleurs produit sur le podium de la grande salle du Palais de la Culture d’Abidjan le samedi 23 janvier 2016, lors de la cérémonie de lancement du MASA 2016.
L’Alliance Franco-Camerounaise de Dschang a pris les devants il y a plusieurs années. La grande salle où se tiennent toutes les manifestations culturelles porte le nom de Salle de spectacle Manu Dibango.

Salle Manu Dibango de l’Alliance Franco-Camerounaise de Dschang
Jusqu’ici les hommages se sont limités à des prestations artistiques. La dernière en date c’est l’émission ‘‘SALUT MANU – (HOMMAGE à MANU DIBANGO)’’ diffusée sur la télévision nationale mercredi 24 Mars 2021. On peut faire mieux. Le créateur du Soul Makossa bien que fortement ancré dans la mémoire collective mérite une œuvre matérielle pour l’immortaliser davantage.
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